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Foie gras, Éducation et Société

Foie gras, Éducation et Société

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« Vous venez voir l'écrivain ? Méfiez-vous, c'est décevant... C'est comme si après avoir mangé le foie gras vous rencontriez l'oie en personne. » Arthur Kœstler.

Comme chaque fin d’année, sur nos tables festives, nous servirons du foie gras, comme chaque année, la bouche pleine, des voix s'élèveront entre deux morceaux, contre le traitement cruel infligé aux animaux. Et d’autres rétorqueront que c’est tradition, c’est ancestral, comme si cela nous donnait la légitimité de perpétrer nos actes ad nauseam. 

Docteur ? J’ai le cerveau gras.

Notre société exige de plus en plus de connaissances pour s’y épanouir. Et pourtant la période de vie dédiée à l’acquisition des connaissances n’a bougée, ni en quantité, ni en qualité, car c’est tradition, c’est ancestral. Et personne ne s’étonne, ni ne s’indigne de la cruauté quotidienne qui se passe dans nos jeunes têtes. Nous sommes à l’ère des cerveaux gras ! 

Comme le foie de nos oies, nos cerveaux sont-ils suffisamment élastiques pour accumuler tant de connaissances ? Les neurosciences nous disent qu’il est plastique et les amis des palmipèdes répondent en cœur : « Ils sont vivants ! »

Certes, nous sommes vivants...

Et la société technologique exige des profils de plus en plus qualifiés et cela va en s’accélérant. Face aux enjeux de l’intelligence artificielle, face à la richesse de nos environnements connectés, le niveau de connaissance est tel que la durée de nos formations devraient s’allonger ! Ce qui n'est pas possible dans notre schéma économique, avec l’obligation d’avoir des actifs au plus tôt. Le mode de gavage est-il suffisant ? La définition d’actifs est-elle suffisante ?

Et alors, c’est grave d’avoir le cerveau gras ?

Signaux faibles et petites conséquences qui émergent dans nos vies, aux frontières extrêmes de notre modèle formatif :

  • Il faut apprendre à apprendre et les compétences sont à mettre à jour tout au long de sa vie : MOOC, lieux de partages de savoirs et DIY…

  • De nouvelles formes d’organisations apprenantes, éphémères ou durables voient le jour : hackathons, entreprises apprenantes et bilan de compétences…

  • La réémergence de pédagogies alternatives accompagne en miroir la problématique de l’apprentissage à l’ère du digital : Montessori à toutes les sauces, innovations pédagogiques digitales et TEDeries…

  • Les rapports de l'entreprise avec les prestations de conseils sont de plus en plus symbiotiques pour en étendre leurs frontières respectives : joint ventures hybrides, coach et méthodes agiles…

  • La marque employeur veut faire l’entreprise un lieu d’émancipation pour développer son attractivité : espaces collaboratifs, chief happiness officers et babyfoot…

Comme les ressacs d’une guerre qui ne dit pas son nom, ces signaux dessinent en creux les lacunes d’un ancien monde : se gaver de connaissances en début de vie et vivre sur les intérêts de ses acquis tout au long de sa vie, avec une inflation digitale galopante qui rend le tout obsolète, dès l’entrée même dans la vie active. Une vie active, en apnée cérébrale.

Construisons les nouveaux véhicules de la Connaissance.

De nouveaux besoins émergent, définissant aussi de nouveaux métiers. Personne ne pouvant distinguer pour les métiers les branches mortes, des jeunes pousses, il faut savoir sauter de branche en branche !

L’entonnoir de gavage craquèle ? Construisons les nouveaux véhicules de la Connaissance ! Des véhicules de vie, destinés à naviguer au delà des frontières de notre éducation traditionnelle et ancestrale. Cet espace pourrait s’étendre ainsi :

  • Sur l’axe de la profondeur : du fonctionnel à l’émotionnel. De l’acquisition des compétences à l’adoption de modèles culturels.

  • Sur l’axe de la hauteur : de l’individu au collectif. Des modèles mentaux aux dynamiques collectives.

  • Sur l’axe de la largeur : du spatial au temporel. Du réel au conceptuel.

Ce que pourraient être ces nouveaux véhicules ? Deux exemples : faire des projets d’analyse du data, des projets pour pratiquer l’intelligence collective hybride (individuelle, collective et artificielle), faire du casual learning pour apprendre un peu tous les jours et de façon géo-localisée (google lens pourrait en être un véhicule). 

Bien d’autres véhicules peuvent être détournés de leurs pratiques commerciales, dédiées à la performance, pour en faire des véhicules pédagogiques, dédiés à la Société.

La connaissance est infinie, prédisons qu’une nouvelle pratique émergera, pour construire ses propres véhicules pédagogiques. Pour soi-même, pour ses proches, pour ses enfants. Avec ses philosophies et les éthiques qui en découleront, de nouvelles ethnies technologiques émergeront dans la Société, en dehors de toute Nation. 

Nos politiques trouveront matière à faire leur digitalisation, ou mourront.

Tous des marins d’eau douce !

Tous des marins d’eau douce !

Le design comme levier d’action de la philosophie ?

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